VALEUR DE LA VILLE DANS LE FILM NOIR AMERICAIN
Lorsqu’Ernest Lehman écrit le scénario de North by Northwest pour Alfred Hitchcock, il sait que le cinéaste aime subvertir les codes tacites du cinéma américain, et particulièrement la construction des passages stratégiques (ouverture, climax, clôture). L’ouverture de Dial M for Murder utilise le montage rapide non pas pour accélérer le rythme auquel sont délivrées les informations mais pour brouiller le portrait de Margot Wendice (Grace Kelly), celle de Rear Window présente la même actrice en total décalage avec l’appartement de Jefferies (James Stewart) comme pour dénoncer les procédés habituels pour l’entrée des stars à l’écran. Dans North by Northwest, c’est le climax qui est transfiguré. La poursuite du héros (Cary Grant) par ceux qui veulent l’abattre se déroulera donc dans un espace à l’exact opposé de ceux habituellement montrés : un paysage de champs de blé à perte de vue, en plein jour et par beau temps. Lehman prend alors le contrepied des attentes d’une génération de spectateurs formés dans les années 1940 et 1950 par les films à intrigues policières : le film de gangster, le film policier et avant tout le film noir. Lire la suite »
Plus que jamais il faut redire que Thelma Schoonmaker est une déesse. Car c’est avec elle que Martin Scorsese monte tous ses derniers films et sans montage ces films ne seraient rien. Dans Le Loup de Wall Street c’est bien en effet par la structure globale – le mouvement du film – et l’organisation du détail – où faire débuter et s’arrêter une séquence, quelle image choisir – que le film brille.
De quoi parle en effet Martin Scorsese en faisant le portrait de Jordan Belfort si ce n’est d’images ? Il faut même dire d’emblée que le film évoque un personnage qui discourt sur des images. Lire la suite »