Hitchcock / Vertov / Godard
(à partir de « Le vertige cinématographique : Hitchcock-Vertov et retour », Les Ecarts du cinéma de Jacques Rancière)
GALATÉE
La fin de la troisième saison de House of Cards confirme que le personnage central n’est pas Frank Underwood mais bien le couple qu’il forme avec Claire, sa femme (ce dont certains épisodes permettaient de douter). Et c’est d’ailleurs cela qui sauve la série. L’intrigue intime permet de contrebalancer le flot potentiellement ininterrompu de sous-intrigues (géo-)politiques qui résulte de l’accession à la présidence, des sous-intrigues loin d’être toujours d’un grand intérêt (voir le début de saison centré sur les relations russo-américaines). A mesure qu’avance la présidence Underwood, le cœur de l’intrigue s’intériorise, ce qui permet de maintenir un intérêt équilibré entre les deux personnages centraux. Si on regarde de près, on découvre d’ailleurs que, dans cette saison, les personnages qui entourent le président et sur lesquels se focalise l’intrigue sont des personnages plus riches d’affects que de force motrice, de capacité d’agir : c’est vrai de Doug Stamper, qui passe l’essentiel du temps à se remettre physiquement et psychologiquement du coup sévère de la fin de la deuxième saison. C’est encore plus vrai de Claire dont le passage au poste d’ambassadrice à l’O.N.U. n’est qu’une étape alimentant passagèrement l’itinéraire de son ambition, itinéraire qui sert ici de fil conducteur. Lire la suite »